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36th CIHA World Congress - Lyon 2024

Endorsed by the French Ministry of Culture,
the French Ministry of Higher Education and Research,
and the French Ministry of Europe and Foreign Affairs.

Economics - Facteurs Économiques

La matière mise à prix. Matérialité et marché de l'art / Valuing Materials. Materiality and the Art Market

Camille Mestdagh 1, Léa Saint-Raymond 2, Kim Oosterlinck 3

1Larhra - Lyon (France), 2Ens - Paris (France), 3Université libre de Bruxelles (Belgium)

Sujet en anglais / Topic in english

This panel proposes to explore the questions of materiality and materials within the art market studies, in considering how they can affect the economic and symbolic value of objects and what kind of strategies were implemented to highlight, emphasize the materiality of works or on the contrary to disguise it. The focus will be on the market, from the 1700s until today, for European modern to contemporary pictures, sculptures and decorative arts, as well as archeological objects.

In exploring auction sales catalogues, dealers’ or collectors’ inventories, mentions of materials are omnipresent, whether they concern the materials intwined with the techniques or the bare materiality of works such as formats, dimensions, support etc. Sales catalogues are often divided into sections which address directly the materials such as “oil paintings”, “bronzes”, “porcelain” etc. Facing the diversity of works and their markets, materials appear as the primary reference for professionals to build-on categories and specialties.

Aside from the schools and provenance, the aesthetic judgement based on the materiality of the picture was also guiding the attributions. Indeed, many adjectives were used by experts and connoisseurs to describe the materials’ specificities of paintings, like the “touch” or the “manner” (Delaplanche, Pomian). In the auction business, pictures experts were traditionally painters-restorers showing how the experience was key to the expertise.

For the decorative arts, especially for jewellery, arms and armours, materials – gold, silver or precious stones – are considered as important market indicators since their economic value is meant to reflect a certain stability in the objects price. The introduction of new materials also triggered innovations and new markets. Chinese or Japanese lacquer and porcelain were used by the marchands merciers in the 1700s to introduce new types of works such as lacquer furniture. Later, the development of cultural and economic value associated to such “precious” materials also triggered the introduction of “substitutes”, considered as novelty and desirable on the primary market (Berg) but often disregarded on the secondary market.

Sujet de la session en français / Topic in french

Ce panel propose d'explorer les questions de matérialité et de matériaux dans le cadre des études sur le marché de l'art, en examinant comment elles peuvent affecter la valeur économique et symbolique des objets. Il s’agira d’étudier quelles stratégies ont été mises en œuvre pour mettre en évidence, souligner la matérialité des œuvres ou, au contraire, la dissimuler. L'accent sera mis sur les marchés de l’art, des années 1700 à nos jours, des tableaux, sculptures et arts décoratifs européens modernes et contemporains, ainsi que des objets archéologiques.

En explorant les catalogues de ventes aux enchères, les inventaires de marchands ou de collectionneurs, les mentions de matériaux sont omniprésentes, qu'il s'agisse des matériaux inhérents aux techniques ou de la matérialité première des œuvres tels les formats, les dimensions, le support, etc.

Les catalogues de vente sont souvent divisés en sections qui abordent directement les matériaux tels que "peintures à l'huile", "bronzes", "porcelaines", etc. Face à la diversité des œuvres et de leurs marchés, les matériaux apparaissent comme la référence première des professionnels pour construire des catégories et des spécialités.

Outre les écoles et la provenance, le jugement esthétique basé sur la matérialité de l'oeuvre a également guidé les attributions. En effet, de nombreux adjectifs étaient utilisés par les experts et les connaisseurs pour décrire les spécificités matérielles des tableaux, comme la "touche" ou la "manière" (Delaplanche, Pomian). Dans les ventes aux enchères, les experts en tableaux étaient ainsi traditionnellement des peintres-restaurateurs, l'expérience s’avérant essentielle à l’expertise.

Pour les arts décoratifs, en particulier pour les bijoux, les armes et les armures, les matériaux - or, argent ou pierres précieuses - sont considérés comme des indicateurs de marché, leur valeur économique étant censée refléter une certaine stabilité dans le prix des objets. L'introduction de nouveaux matériaux a également été à l'origine d'innovations et de nouveaux marchés. Par exemple, les laques et la porcelaine chinoises ou japonaises ont été utilisées par les marchands merciers dans les années 1700 pour introduire de nouveaux types d'œuvres, tels que les meubles en laque. Plus tard, le développement de la valeur culturelle et économique associée à ces matériaux "précieux" a également déclenché l'introduction de "substituts", considérés comme des nouveautés et désirables sur le marché primaire (Berg), mais souvent négligés sur le marché secondaire.

The materials and the geography of sculpture, from antiquity to the present day / Les matériaux et la géographie de la sculpture, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui

Daniele Rivoletti 1, Alessandro Poggio 2


1
Université Clermont Auvergne - Clermont-Ferrand ; Institut universitaire de France (France), 2 IMT School for Advanced Studies Lucca - Lucca (Italy)

Sujet en anglais / Topic in english

If materials are amongst the fundamental elements of artistic creation, they structure the field of sculpture in a particular way. The use of specific materials prized in certain periods for their particular properties - such as the marble of Paros in the Mediterranean basin in antiquity, or Carrara marble in Europe in the 15th-19th centuries, or ivory - has markedly shaped the geography of sculpture and has played a major role in the circulation of artists and knowledge. Through the prism of materials, then, close connections between sculpture and geography clearly emerge. Firstly, as raw materials they are sourced in a given ecosystem. Furthermore, the circulation of materials is conditioned by geography: marble, for example, is best transported by river and sea. Thus the study of materials necessarily goes hand in hand with geography. It should be stressed, however, that geography is not to be considered here as a deterministic factor which fixes historical, artistic and social dynamics in a binding manner, but as an element which conditions human actions and which must be dealt with in various ways.

Within this framework, materials and their geographical origin play a fundamental role in the historical, artistic and social investigation of the artefact. One of the first major works to focus on the market for sculptural materials, Christiane Klapisch-Zuber's Les maîtres du marbre (1969), has its origins in research on economic history. Antiquity was a major field of methodological experimentation since the scarcity of written sources required looking elsewhere for evidence to investigate sculpture: first of all in stylistic analysis related to regional schools (e.g. Ernst Langlotz, Frühgriechische Bildhauerschulen, 1927). However, later on scientific laboratory analyses have increasingly provided reliable information on the provenance of materials (e.g. the ASMOSIA proceedings), making the picture more complex. The Albâtres programme (Louvre-LRMH-BRGM) demonstrates the potential of this approach for other periods.

How did the physical and expressive properties of certain materials, such as marble, alabaster and ivory, influence the choices made by patrons and artists and thus contribute to the geography of sculpture? How does the geography of the circulation of materials reveal historical and cultural dynamics? What methodological problems do these geographical dynamics pose for the art historian? How can traditional art historical research methodologies, based on written or epigraphic sources or on style, interact with archaeometric analysis?

Sujet de la session en français / Topic in french

Si la matière est l’un des caractères constitutifs de la création artistique, elle oriente de façon particulière le champ de la sculpture. Le recours à certains matériaux, prisés à certaines époques pour des propriétés physiques particulières – tels les marbres de Paros dans le bassin méditerranéen à l’époque antique, ou celui de Carrare dans l’Europe des XVe-XIXe siècles, ou encore l’ivoire – a structuré de façon déterminante la géographie de la sculpture et a joué un rôle majeur dans la circulation des artistes et des savoir-faire.

Par le prisme des matériaux, des liens indissociables entre sculpture et géographie émergent donc avec clarté. Tout d'abord, les matières premières proviennent d'un écosystème donné. En outre, l’élément géographique conditionne la circulation des matériaux : le marbre est mieux transporté par voie fluviale et maritime. L'étude des matériaux va donc nécessairement de pair avec la géographie. Celle-ci n'est néanmoins pas comprise ici comme un facteur déterministe, qui oriente de manière contraignante les dynamiques historiques, artistiques et sociales, mais comme un élément qui conditionne les actions et que l'homme doit traiter de diverses manières.

Dans ce cadre, les matériaux et leur origine géographique jouent un rôle fondamental dans l'étude historique, artistique et sociale de l'artefact. L’un des premiers travaux d’envergure s’intéressant au marché des matériaux de la sculpture, Les maîtres du marbre de Christiane Klapisch-Zuber (1969) est issu de la recherche en histoire économique. L'Antiquité a été un champ d'expérimentation méthodologique important, car la pauvreté de la documentation écrite a stimulé les chercheurs à trouver ailleurs les sources pour étudier la sculpture : d’abord dans l’analyse des styles, liés aux écoles régionales (Ernst Langlotz, Frühgriechische Bildhauerschulen, 1927) ; mais par la suite, les analyses scientifiques de laboratoire ont de plus en plus fourni des informations fiables sur la provenance des matériaux (par exemple, les actes de l'ASMOSIA), ce qui a rendu plus complexe l’analyse. Le programme Albâtres (Louvre- LRMH-BRGM) montre le potentiel de cette approche pour d’autres périodes.

Comment les propriétés physiques et expressives de certains matériaux ont-elles orienté les choix des commanditaires et des artistes et contribué ainsi à la géographie de la sculpture ? Comment la géographie de la circulation des matériaux révèle-t-elle des dynamiques historiques et culturelles ? Quels problèmes méthodologiques ces dynamiques géographiques posent-elles à l'historien de l'art ? Comment les méthodologies traditionnelles de recherche en histoire de l'art, basées sur les sources écrites ou épigraphiques ou sur le style, peuvent-elles interagir avec l'analyse archéométrique ?