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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Drawing and materiality

Sarah Catala 1, Jeroen Stumpel 2


1
Larhra UMR5190 - Lyon (France), 2Utrecht University - Utrecht (Netherlands)

Sujet en anglais / Topic in english

The capacity for drawing is a most important, and apparently unique faculty of the human mind, and one of the prime techniques in the history of art. Acts of drawing often have been considered as privileged materializations of mental images or ideas.

Individual drawings, the results of such acts, may be coveted as essential documents revealing the genesis of works of art; as windows to an artist’s personality, and as complete and important masterpieces in themselves. With all such appreciation and acknowledgment, there are still great intellectual challenges for both the practical and theoretical analysis of drawings and drawing-acts; especially of drawing as material interface between concept and final production in art – where we can think of the materializing and first outward visibility of the prima idea, as well to the material role of the cartoon and even the counterproof.

From the viewpoint of materiality it may also be said that the technical investigation of drawings and the drawing process has lagged rather far behind the technical research of painting and sculpture. It has been generally acknowledged that studies of the materials aspects of drawings are of the greatest importance for authentication, as well as conservation; and important research has been done after materials employed in the act of drawing, for instance on the production and structure of paper. But compared to other fields of the visual arts, these studies have been incidental and relatively far apart.

Often the actual drawings have been considered and studied as static sheets. Yet, drawings are objects with a life of their own. At first, they are complex traces of human cognition or motor activities, preceding the application of ink or chalk on paper. But even after the hand of artists have stopped modifying the drawings, many changes continue to take place. Some of these changes are the obvious and sometimes brusque result of human intervention, such as reworking, restoring, cutting, ripping or bleaching. Others are less obvious or harder to trace but comparably significant. These concern various processes of metamorphosis due to chemical processes within the materials themselves, combined with environmental factors such as exposure to light or humidity. All of these processes are part of what one could call the material biography of a drawing.

Sujet de la session en français / Topic in french

Dessiner est une faculté importante et apparemment unique de l'esprit humain, qui constitue aussi l’une des techniques fondamentales dans l'histoire de l'art.

L’acte a souvent été considéré comme le moyen privilégié pour matérialiser une idée ou une image mentale. Il en résulte des dessins qui sont considérés aussi bien comme des documents essentiels révélant la genèse des œuvres d'art, que des éclairages sur la personnalité d'un artiste, ou encore des chefs-d'œuvre autonomes. Malgré cette reconnaissance, il reste de grands défis intellectuels à relever pour réaliser des analyses aussi bien pratiques que théoriques des dessins et de leur production même. C’est particulièrement le cas du dessin pensé comme un artefact situé entre le concept et la production finale dans l'art, à l’endroit même où nous pouvons penser à la matérialisation et à la visibilité extérieure de la prima idea, ainsi qu’aux rôles matériels du carton ou de la contre-épreuve.

Du point de vue de la matérialité, on soulignera que les investigations conduites sur le dessin et ses processus sont largement distancées par les recherches techniques dédiées à la peinture et à la sculpture. Pourtant, il est généralement admis que l'étude matérielle des dessins revêt une grande importance pour l'identification technique, l'attribution et la conservation. Des recherches remarquables ont été menées sur les matériaux utilisés dans le dessin, par exemple sur la production et la structure du papier, mais comparées à d'autres domaines des arts visuels, ces études restent marginales et sporadiques.

Souvent, les dessins ont été considérés et étudiés comme des feuilles statiques. Pourtant, ce sont des objets dotés d'une vie propre. Au départ, il s'agit de traces complexes d'activités humaines cognitives ou motrices, précédant l'application d'encre ou de craie sur le papier, mais même lorsque la main de l'artiste a cessé de modifier les dessins, de nombreux changements continuent de se produire. Certains de ces changements sont le résultat évident et parfois brutal de l'intervention humaine telle la retouche, la restauration, le découpage, la déchirure ou le blanchiment. D'autres sont plus difficiles à repérer, mais tout aussi significatifs. Il s'agit de divers processus de métamorphose dus à des procédés chimiques au sein des matériaux eux-mêmes, combinés à des facteurs environnementaux tels que l'exposition à la lumière ou à l'humidité. Tous ces processus font partie de ce que l'on pourrait appeler la biographie matérielle d'un dessin.