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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Materiality and the definition of drawing: a global approach (16th - 21st century)

Gabriel Batalla-Lagleyre 1, Camilla Pietrabissa 2

1 Université de Genève - Genève (Suisse), 2 Università Iuav di Venezia - Venise (Italy)

Sujet en anglais / Topic in english

In early modern Europe, drawing has been defined as an intellectual activity. Vasari’s definition of disegno as an expression of the idea already formed in the mind has undermined the materiality of drawing, relegating mark-making tools and supports to a subsidiary status. However, drawing materials are fundamental in many areas such as the museums or the art market, where the support — usually paper or parchment — determines the category of drawing and separates it from other forms of art.

On a global scale, these ambiguities are even accentuated. In the Asian traditions, paper is the support of what is generically called painting: only in Western tradition drawing can boast its own category independent of other media. In the museum context, it is the linearity, the absence of color or the preparatory function of a work that may turn a Persian or Chinese object into a drawing, rather than into a painting. At the risk of contradicting the typologies of Western Art, museum practices challenge the material definition of drawing. In a similar way, the work of conservation scientists and the practices of libraries and archives, as well as the writing of catalogues and monographic studies, have been shaped by the paradoxical materiality of drawing.

This session invites to question the relationship between the materiality of drawing and its definitions by taking into account the various materials — support, tools, techniques — used in different geographic contexts. By choosing a global approach, and a large chronological span, the papers will address the following questions:

  • How the study of materials has created a specialized lexicon for drawing;
  • Under which circumstances the expression “works on paper” has imposed itself, with different implications in different geographic areas;
  • How the materiality of certain hybrid categories of works such as pastel or miniature has determined their inclusion or their exclusion from the category of drawing;
  • Which archival or conservation practices have determined the interpretation and the misunderstanding of drawing’s materials in relation to the works for which it is often preparatory;
  • How research on paper quality and provenance has shaped the historiography of drawing, and how these aspects bear on the agency of drawing, particularly in relation with

The session invites the discussion between scholars, curators and conservators involved in everyday handling of drawing and of those hybrid works whose definition may impinge on that of drawing. Thus, the session will reflect the diversity of places where materiality and typology of drawing have converged, in collections, museums or the market, by writing or by handling practices. The global scale of inquiry will reflect the diversity of places where materiality and definitions have intersected in institutional practices and scholarly texts. The extended temporality, from Vasari to the present day, will make it possible to observe the developments in the study of the materiality of the drawing over long time. We aim to show that recent research is continuing to shape the theory of drawing and to challenge received historiographic narratives.

Sujet de la session en français / Topic in french

En Europe, depuis Vasari, le dessin est subsumé sous une catégorie intellectuelle : le disegno. Cette appréhension théorique a minoré la matérialité du dessin, jusqu’à reléguer son actualisation matérielle à un rang secondaire. Pourtant, la matière du dessin, composé au minimum d’un support et d’un composé traçant, est fondamentale dans sa définition : c’est la nature du support (papier ou parchemin) qui détermine aujourd’hui la catégorie « dessin » en histoire de l’art, dans les musées ou sur le marché.

À l’échelle globale, les ambiguïtés sont accentuées. En Chine ou en Iran, le papier est le support de ce qui est appelé la peinture : le dessin devient l’objet d’une catégorie indépendante seulement dans un cadre d’analyse occidental. Dans les musées, est alors dessin persan ou chinois - et non plus peinture - un objet non plus défini par le papier mais par le trait, l’absence de couleur ou le caractère préparatoire. Au risque de la contradiction avec les typologies de l’art occidental, les pratiques muséales remettent en question la définition matérielle du dessin. De même, le travail de conservation et de restauration, ainsi que la rédaction de catalogues et de monographies, ont été façonnés par la matérialité paradoxale du dessin.

La session souhaiterait poser la question des interactions entre matérialité et définition du dessin par la prise en compte des matériaux concrets - supports, outils, techniques - utilisés dans des contextes géographiques différents. En privilégiant une approche globale, de temps long, les communications pourront se demander :

  • comment les matériaux du dessin ont forgé son lexique ;
  • comment la définition muséale du dessin, « œuvre sur papier », s’est imposée, avec desmodalités différentes selon les aires géographiques ;
  • comment la matérialité des œuvres a déterminé, pour des techniques regardées comme hybrides (miniature, pastel), soit leur inscription soit leur rejet dans la catégorie dessin, notamment hors de la tradition occidentale ;
  • comment la matérialité du dessin est appréhendée, parfois invisibilisée, en regard de la matérialité des œuvres pour lesquelles il est souvent préparatoire ;
  • comment a évolué la perception du papier (intérêt pour sa qualité, sa provenance) et comment a été réévalué son agency, notamment en lien avec l’estampe.

La session souhaite stimuler la discussion entre chercheurs, conservateurs et restaurateurs impliqués dans la manipulation quotidienne des dessins et des œuvres hybrides dont la définition affecte celle du dessin. Elle reflétera la diversité des lieux où matérialité et typologie du dessin ont convergé, dans les collections, les musées ou le marché, par l'écriture ou le maniement des œuvres. L'échelle globale de l'enquête fera apparaître la diversité des lieux, géographiques et institutionnels, où matérialité et définitions ont ainsi été croisées. La temporalité étendue, de Vasari à nos jours, permettra d'observer les développements de l'étude de la matérialité du dessin sur le temps long, pour montrer que les recherches actuelles continuent à façonner sa théorie et remettent en question les présupposés historiographiques.